vendredi 25 mai 2007

La Machette - Édition de mai 2007

Montréal, le 25 mai 2007,

SOMMAIRE:

I. Éditorial

Esclaves au paradis : qui sont-ils? Où sont-ils?

II. Revue de presse

PRESSE HAÏTIENNE
• Haïti-République dominicaine : les deux discours du gouvernement dominicain sur Haïti (AlterPresse, 22 mai 2007)
• Défense des droits du travail en Haïti et critique de la législation américaine H.O.P.E. (HaitianAnalysis.Com, 9 mai 2007)

PRESSE DOMINICAINE
• Le Père Edwin Paraison prononce une conférence magistrale lors de la commémoration du Jour du Drapeau, organisée par l’Association des Étudiants Haïtiens en République dominicaine (ESPACINSULAR, 21 mai 2007)
• L’ex-ambassadeur haïtien, Guy Alexandre, dénonce l’idéologie anti-haïtienne en République dominicaine (ESPACINSULAR, 17 mai 2007)

III. Nouvelles internes

• Rappel du lancement de livres
• 3 postes à combler au Comité québécois
• Demande de dons et de bénévoles

IV. Annonces communautaires

• 24ème voyage annuel - Faites l'expérience du Tiers monde 2007
• Katasoho, imprimerie et design
• Idées cadeaux


*****************************************

I. Esclaves au paradis : qui sont-ils? Où sont-ils?

Par M. Gahston Saint-Fleur

La Machette est fière d’annoncer à ses fidèles lecteurs la collaboration ponctuelle de son nouvel éditorialiste, M. Gahston Saint-Fleur, Haïtien d’origine qui vit en République dominicaine depuis plusieurs années. Il est professeur d’université et apportera une analyse fraîche et détaillée sur la condition haïtienne en République dominicaine. Nous vous laissons le plaisir de le découvrir à travers ses éditoriaux.

Une fois de plus les Haïtiens ne sont pas d’accord. L’exposition photographique Esclaves au paradis, de la péruvo-française Céline Anaya à Paris, a posé la question suivante : est-ce que les Haïtiens en République dominicaine vivent dans l’esclavage? Face à cette exposition, l’opinion publique haïtienne se contredit.

La République dominicaine est, quant à elle, scandalisée, et se sent trompée et prise au dépourvu. Antonio Abreu, du consulat dominicain à Paris, profite de l’occasion pour défendre la conscience de son pays, au grand plaisir des dirigeants du parti et de son gouvernement.

Tant les politiciens dominicains que les citoyens connaissent ce problème haïtien. On peut citer à ce sujet le candidat éventuel à la présidence pour le Parti Réformiste Social Chrétien (PRSC), Luis Torral : « dans les jours à venir, on verra comment le gouvernement usera du thème haïtien pour détourner l’attention publique. » Est-ce que l’exposition à Paris s’inscrivait dans cette stratégie? C’est peu probable.

Cette exposition n’a en fait profité à aucun politicien. Pour cette raison, il est assez facile de conclure que l’exposition n’était pas un coup monté.

Par contre, la couverture médiatique de cette exposition aurait pu bénéficier à Solange Pierre, dite Sonia, directrice du MUDHA (organisme pour la défense des droits des femmes d’origine haïtienne en République dominicain) qui est en convalescence après son opération aux États-Unis. Mais son repos ne fut que de très courte durée, avec le retour en force de menaces d’apatride de la part du gouvernement envers elle.

L’exposition a fait écho dans son pays d’origine. Tout d’abord, ce sont les Vicini, l’une des grandes familles sucrières de République dominicaine, qui se sent attaquée personnellement, et a rapidement réagit publiquement à la polémique. La famille Vicini a réussit à travers l’histoire du pays à se frayer un chemin important dans l’économie et la politique de la société dominicaine. Qui sont ceux qui se sentent menacer? Monsieur Félix Jiménez, dit Felucho, Secrétaire d’État au tourisme? Ou alors Monsieur Carlos Morales Troncoso, de la Chancellerie dominicaine? S’ils n’ont rien fait, de quoi ont-ils peur? Comme le dit le proverbe dominicain Quien no tiene hecha, no tiene sospecha, c’est-à-dire « qui n’a rien fait, n’a rien à craindre. »

Pour amener de la lumière sur ce problème, posons ces questions à l’opinion publique haïtienne :

- à ceux qui disent qu’il n’y a pas d’esclavage envers les Haïtiens en République dominicaine : avez-vous déjà vécu dans un batey? Avez-vous déjà visité un batey? Avez-vous déjà parlé à un de ces résident? Si vous aviez fait toutes ces choses, et que vous ne vous mentiez pas à vous-mêmes, vous conclurez rapidement que c’est de l’esclavage.
- à ceux qui disent que tous les Haïtiens sont tenus en esclavage en République dominicaine, ne savez-vous pas que dans ce pays, il existe des Haïtiens salariés qui occupent des postes de direction dans des entreprises dominicaines, et qui jouissent de conditions de travail qui leur permettent d’être vraiment libre?
- à vous deux : ne savez-vous pas aussi que certains coupeurs de canne, une fois revenus en Haïti, décident volontairement de retourner travailler dans les champs de République dominicaine? (Ça en dit long sur leur condition de vie dans leur pays d’origine!)

Qui sont les vrais esclaves? Et qu’est-ce qui définit le paradis?

Projeter une image de l’immigration haïtienne en mettant exclusivement en évidence les réalités des coupeurs de cannes et des travailleurs agricoles ou de construction, n’est-ce pas vouloir négliger les efforts d’un groupe de professionnels haïtiens immigrés qui ont su s’insérer dans le marché du travail en République dominicaine sans pour autant renier leur nationalité? N’est-ce pas contribuer à l’image déjà distordue d’Haïti comme grand exportateur de main d’œuvre non qualifiée?

D’où la difficulté de répondre catégoriquement à la question posée par l’exposition : est-ce que les Haïtiens qui vivent en République dominicaine sont maintenus en esclavage? Il s’agit d’une difficulté que les groupes radicaux de gauche et de droite outrepassent sans hésitation. Les ministres, les ambassadeurs et les présidents des deux pays voisins n’y font pas exception : le problème se définit en quelques mots, et l’analyse est vite terminée. Le président haïtien en a fait la démonstration lors de sa dernière visite dans le territoire dominicain. Et de son côté le chef de la Mission diplomatique dominicaine n’en fait pas moins lors de ses interventions dans la presse de l’île Quisqueya.

Une chose est sûre : en République dominicaine, beaucoup d’Haïtiens vivent dans des conditions critiques, notamment ceux qui vivent dans ce qu’on surnomme improprement batey. Le mot batey, étymologiquement, est l’équivalent du mot bourg au Moyen-Âge, et du terme moderne ville.

Ces Haïtiens qui travaillent la canne à sucre peuvent aller jusqu’à accepter leur condition, d’une part parce qu’ils manquent d’éducation, et d’autre part parce qu’ils estiment que leur vie en Haïti est pire. Mais en vivant dans ces conditions et en les acceptant, ils se refusent tout droit à la liberté et au changement, et vouent leurs enfants au même sort. Chaque être humain devrait avoir cette même liberté à la naissance pour pouvoir réaliser ces rêves. Pour cette raison, leurs conditions doivent être améliorées.

Mais une autre réalité s’insère dans ce problème : la compassion des Dominicains envers les Haïtiens est souvent mise à l’épreuve par le climat d’insécurité qui règne dans certaines régions du pays. On peut mentionner à ce titre la mort d’un honnête citoyen dominicain, très âgé : Rafael Santana, de la ville de Hota Mayor, au début du mois. Il a été retrouvé mort après avoir été attaqué violemment par des armes blanches, et sa maison a été complètement dépouillée, incluant ses meubles. On dit que les coupables sont deux paysans haïtiens qui travaillaient dans les champs du défunt. Ils auraient été vus le lendemain matin du crime, partant de la région, sacs au dos.

Un proche de Santana, le député dominicain Lidio Cadet, membre du Comité cntral du parti de la libération dominicaine (PLD), ancien prêtre, et originaire d’Hato Mayor, aurait entrepris des démarches auprès de la chancellerie dominicaine pour extrader les citoyens haïtiens, selon Radio Kiskeya.

La réaction du député est un autre exemple de la paranoïa de plusieurs Dominicains envers la communauté haïtienne. Les pauvres paysans accusés du crime sont partis à pied, sans aucun meuble. Aucune revente des objets volés n’a été reportée jusqu’à maintenant. Certains habitants de la région, incluant des proches du défunt reconnaissent qu’aucun d’eux n’est vraiment à l’abris d’une mort à l’haïtienne, mais ils doutent que des Haïtiens soient responsables de la mort de Santana. La situation n’est pas nouvelle, et les développements de l’affaire seront suivis de près.

Comme quoi la violence et les crimes viennent souvent de la misère et du désespoir. Et la seule manière de combattre ces deux derniers, c’est avec la liberté et la prospérité de tous.


* Le texte a également été revu et légèrement retouché par Romain Angeles, du Comité québécois.


*****

II. Revue de presse

PRESSE HAÏTIENNE:


Haïti-République Dominicaine : les deux discours du gouvernement dominicain sur Haïti

Port-au-Prince, mardi, le 22 mai 2007 (Alter Presse)
Par Wooldy Edson Luidor

La comparaison entre les discours «fraternels» sur Haïti par les autorités dominicaines sur le plan international et leurs pratiques discriminatoires contre les migrant(e)s haïtien(ne)s et leurs descendants en République Dominicaine, révèle plusieurs contradictions, constate l’agence Alter Presse.

Par exemple, durant la XIII Réunion Ministérielle du Groupe Rio – Union Européenne à Saint-Domingue, du 17 au 20 avril 2007, Carlos Morales Troncoso, secrétaire dominicain des Relations Extérieures, a animé avec zèle la discussion sur la situation d’Haïti félicitant les progrès de ce pays en matière de sécurité et de lutte contre la violence. Il souligna aussi que le président haïtien, René Garcia Préval, a su gouverner Haïti avec «une intelligence considérable, avec tolérance et sagesse».

À cette même réunion regroupant des délégations de 20 pays du Groupe Rio et de 27 nations de l’Union Européenne, le chancelier dominicain est allé plus loin, en insistant sur la nécessité de «réviser et évaluer le thème haïtien et chercher les voies les plus appropriées, pour que la communauté internationale participe activement dans la solution des problèmes en vigueur (dans ce pays) » .Cette intervention a eu un impact positif, puisque la commissaire des relations extérieures de l’Union Européenne, Benita Ferrero Waldner, a promis à la République d’Haïti un don de 233 millions d’Euros qui «devront être investis en appui à l’éducation, l’infrastructure physique, le développement rural et la gestion gouvernementale».

Parallèlement à ces manifestions de fraternité, les autorités dominicaines ont souligné et revendiqué leur droit souverain de rapatrier les migrant(e)s haïtien(ne)s «illégaux», sans indiquer, toutefois, un intérêt pour diminuer ou éliminer la violence et les violations des droits humains qui, dans la majorité des cas, accompagnent ces rapatriements. De plus, les descendant(e)s des migrants haïtiens en République Dominicaine voient de plus en plus réduites leurs possibilités d’avoir des documents de naissance et de nationalité dominicaine, un droit que leur donne le « jus soli », selon l’article 11 de la Constitution dominicaine en vigueur.

Le discours officiel de Dominicains, jusque dans les moyens de communication, reflète qu’Haïti serait un pays souffrant d’une mauvaise gestion, à laquelle la communauté internationale doit aider de façon urgente afin d’éliminer des maladies et éviter un supposé danger dans la région caribéenne.

Jus sanguini contre Jus soli

Cette attitude discriminatoire se retrouve dans un des objectifs du processus actuel de la réforme de la Constitution dominicaine: éliminer le «jus soli», principe selon lequel toute personne qui naît sur le territoire dominicain a droit à la nationalité de ce pays (sauf pour les enfants des diplomates et des personnes en transit).
Toutefois, il suffit de visiter la capitale dominicaine pour constater que les migrants haïtiens qualifiés d’illégaux par les autorités dominicaines, sont les mêmes qui travaillent actuellement aux œuvres publiques, par exemple, à la construction de routes, d’édifices de l’État et du méga projet du métro urbain à Saint-Domingue. De plus, ils sont les piliers de la construction d’hôtels, de complexes touristiques et de grands édifices administratifs qui ont contribué à la modernisation si louangée par les autorités et la société dominicaines. Ces Haïtiens sont très peu payés et sont soumis à des conditions de vie et de travail infra humaines.

Les personnes qui ont dénoncé ces contradictions au grand public furent expulsées de la République Dominicaine, comme ce fut le cas pour le père belge Pedro Ruquoy ou bien elles furent menacées de perdre leur nationalité dominicaine, comme c’est le cas de la militante dominicaine d’ascendance haïtienne, Sonia Pierre.

Droits humains

Pour être cohérentes avec leurs discours à l’extérieur du pays, les autorités dominicaines doivent montrer à la Communauté Internationale, par des faits et en pratique, qu’elles sont réellement préoccupées par la situation du pays voisin et par les droits humains des migrants haïtiens et leurs descendants. De son côté, l’actuel gouvernement haïtien doit démontrer que ses citoyen(ne)s en République Dominicaine comptent pour lui, en cherchant comment améliorer la situation migratoire et de documentation de ses compatriotes dans la république voisine, par la mise en œuvre d’ententes avec l’État dominicain et, surtout, en travaillant pour faire d’Haïti un pays où il est possible de vivre et où ça vaut la peine de vivre.



Défense des droits du travail en Haïti et critique de la législation américaine H.O.P.E.

9 mai 2007Par Ben Terrall - Haitianalysis Com La nouvelle législation à Washington D.C, sous l'acronyme H.O.P.E – abbréviation pour « l'Opportunité Hémisphérique haïtienne par l'Acte d'Encouragement du Parténariat , » a le but de promouvoir l'industrie du vêtement à Haïti. Mais la législation échoue perceptiblement à la protection des droits du Travail, ou à la promotion à long terme du développement économique viable qui profitera aux pauvres de même qu'aux riches.[…]

Comme Ricker l'a élaboré, garder Haïti compétitif signifierait sacrifier les Droits du Travail á des embauches qui ne sont pas garanties de rester dans le pays : « Une expansion temporaire d'accès libre pour l'industrie du vêtement du Troisième Monde ne résout pas le problème fondamental. En effet, en placant autant d'emphase sur le vêtement, H.O.P.E approfondit en fait l'insécurité économique à Haïti, au lieu del'alléger ». Lorsque le haut niveau du chômage à Haïti a mené à l'indigence de beaucoup, les organisateurs haïtiens du Travail ont dit à cet auteur, que ce dont ils ont vraiment besoin, c'est une période soutenue de paix et de stabilité.
[…]

Concannon a ajouté, « Tous les partisans de H.O.P.E. justifient l'Acte par les avantages qu'il fournit aux ouvriers haïtiens ; mais je n'ai pas encore entendu parler de quelque ouvrier qui aurait été consulté sur l'ordonnance, ou la promouvant soi-mê me … Le seul levier réel d'Haïti est l'exploitabilité de sa force de travail, qui n'est pas une fondation pour la croissance à long terme ».

Les officiels de la Confédération des Travailleurs Haïtiens (CTH) disent qu'ils n'ont pas été consultés par le gouvernement Préval. Avant l'élection du gouvernement Préval, le gouvernement intérimaire a institué un cadre économique néolibéral, le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), dans lequel les ouvriers et des organisations populaires n'ont pas été non plus consultés. Des milliers de personnes ont perdu leur travail dans le IMF, qui soutint les mesures d'austérité.

Dan Beeton, le Coordinateur de Communications Internationales pour le Centre de l'Economie et de la Recherche Politique (CEPR) á Washington D.C., dispute: « H.O.P.E. fait partie du vieux modèle de developpement de « libre-échange ».Ce dont Haïti a besoin, c' est une vraie stratégie de développement que l'on puisse poursuivre, libre des entraves des Etats-Unis ou de n'importe qui d'autre, avec une diversification de l'économie et des mécanismes pour aider à assurer que davantage du Revenu reste dans le pays ».
[…]

Dans un entretien durant la période intérimaire, le Secrétaire Général CTH Paul « Loulou » Chéry a expliqué: « c'est une crise sans précédent. Notre population n'a pas connu une situation aussi grave depuis la naissance du pays… La majorité de la population a été plongée dans la misère, et l'exclusion. Au niveau des ouvriers, c'est le désespoir, comme il n'y a pas pratiquement d'emploi. Il y a, peut-être, 15% de la population qui véritablement est employée. […]

De nos jours, le gouvernement DE facto se livre á une chasse aux sorcières. Ils créent une situation de terreur, une situation de crainte, de répression systématique. Cette répression a eu pour résultat le meurtre de milliers de gens depuis le passage au coup d'état ».
[…]

Les ouvriers CTH veulent un pays fonctionnel, dans lequel ils peuvent s'organiser et améliorer leurs vies. Dan Beeton a résumé pourquoi les citoyens des Etats-Unis doivent soutenir les efforts continus d'organisation des syndicalistes haïtiens du commerce: « À travers l'histoire d'Haïti, les Etats-Unis ont été d'habitude un mauvais voisin, envahissant et occupant le pays à plusieurs reprises, érigeant des dictateurs, et parfois bloquant l'assistance économique au pays. Nombres de prescriptions politiques économiquement endommageantes sont provenues egalement de Washington, y compris la privatisation d'industries d'Etat et la promotion de zones de traitement d'exportation qui entravent le développement de l'industrie haïtienne et produisent peu de Revenu…Considérant l'histoire des relations des Etats-Unis avec Haïti, les Américains se doivent soutenir le droit des haïtiens á organiser des syndicats du Commerce indépendants et à défendre une politique qui encouragera un Développement réel et durable».

Ginette Apollon, á la tête de la Commission des Femmes CTH, Paul « Loulou » Chéry, Secrétaire Général CTH, et Euvonie George-Auguste, une dirigeante des Droits des Femmes Haïtiennes, et activiste, feront une tournee au Canada en Mai et Juin 2007. CTH a lancé récemment un site web à http://www.haitilabor.org/


PRESSE DOMINICAINE:

Le Père Edwin Paraison prononce une conférence magistrale lors de la commémoration du Jour du Drapeau, organisée par l’Association des Étudiants Haïtiens en République dominicaine

ESPACINSULAR
Saint-Domingue. Le 21 mai 2007.- Avec chants, poèmes et réflexions, l’Association des Étudiants Haïtiens de la République Dominicaine (AEHRD), dont le siège se retrouve à l’Université Autonome de Saint-Domingue (UASD) a commémoré le Jour du Drapeau et de l’Université selon le calendrier de festivités officielles d’Haïti, avec une conférence du père Edwin Paraison.

L’activité réalisée au Paraninfo de Humanidades, vendredi le 18 de mai, a eu comme orateur principal, le Rév. Edwin Paraison, Directeur Exécutif de la Fondation Zile, avec un exposé magistral intitulé «Le rôle de la classe étudiante haïtienne face aux réalités socio politiques haïtiennes».

Le conférencier fit une description de la situation socio politique haïtienne depuis la chute du régime duvalieriste jusquà cette première année récemment accomplie de la gestion du président René Garcia Préval, où il signala que «malgré la réalisation d’élections à différents niveaux de l’exercice du pouvoir ces dernières années, la démocratie n’est pas encore instaurée en Haïti».

Il affirma que son pays, au-delà de la crise politique, affronte un grave problème social historique qui divise la nation entre les masses populaires et les classes dominantes. Ces dernières, a-t-il signalé, «cherchent désespérément par la voie des urnes, à faire respecter les règles imposées par le système démocratique, en particulier, l’autodétermination du peuple haïtien».

Il indiqua qu’en 10 ans Haïti fut intervenue deux fois, en 1994 et en 2004, ce qui révèle «une certaine incapacité de leadership haïtien pour gérer et résoudre les crises avec les moyens et les solutions uniquement haïtiens».

Il signala que, même s’il n’y a pas d’autres Drapeaux dans le Palais National, les bureaux publiques et les quartiers de police, la sécurité nationale est entre les mains de troupes de la ONU par l’intermédiaire de la MINUSTHA. De la même façon, il affirma que «Haïti a perdu sa souveraineté économique avec plus de 60% du budget national qui dépend de l’aide étrangère».

Paraison qui a occupé différentes fonctions diplomatiques et consulaires en représentation de son pays en République Dominicaine, a également dit que «Haïti a un problème de sécurité alimentaire» lequel se manifeste par une dépendance d’approvisionnement de produits dominicains pour plusieurs régions du pays.

Il souligna qu’à chaque année, Haïti a plus de 50,000 nouveaux gradués au secondaire, pour 0.9% de la population qui réussit à accéder à l’éducation supérieure, alors qu’il présenta les limitations logistiques de l’acceptation au système universitaire haïtien. Ceci, avec l’instabilité politique, fait en sorte qu’au cours des 15 dernières années la République Dominicaine est devenue le principal destin académique pour les Haïtiens, a précisé le révérend Edwin Paraison.

Il exhorta les étudiants haïtiens a créer avec l’aide des responsables académiques, des centres de réflexion et d’analyse sur la réalité d’Haïti pour «promouvoir la propagation d’une nouvelle culture politique haïtienne, touchant aussi l’aspect social et économique ». Il les a aussi encouragés à participer à l’activité politique à travers les partis pour obliger au «renouvellement du leadership haïtien dont l’échec est évident».

Il est de l’avis que les universitaires devraient servir de pont entre les couches défavorisées et les élites, pour diminuer l’écart entre les classes sociales et l’exclusion, par le moyen d’un plus grand engagement social à travers des activités bénévoles en alphabétisation, la protection du milieu, l’éducation sur le SIDA, l’organisation populaire etc…»

Le Drapeau Haïtien fut créé en 1803 par Jean Jacques Dessalines en enlevant la partie blanche du trois-couleurs français, pour symboliser avec le bleu et le rouge l’union des noirs et des mulâtres haïtiens lors de la conquête de la liberté.

Cette année, la Fête du drapeau haïtien et de l’Université fut commémorée avec une variété d’activités organisées par la diaspora haïtienne en République Dominicaine dans plusieurs institutions telles que le Centre Bono, l’Église évangélique «Porte Ouverte» et à l’auditorium de l’Université, auxquelles des Haïtiens et des Dominicains sont venus participer.


L’ex ambassadeur haïtien, Guy Alexandre, affirme que le pays n’est pas xénophobe ni raciste, mais il signale l’existence d’une idéologie anti- haïtienne

Eddy Beltre/espacinsular
Saint-Domingue, le 17 de mai, 2007. - Dans un discours qu’il devait présenter à Paris dans le cadre de l’événement «Esclaves au Paradis», l’ex ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine, Guy Alexandre a affirmé hier, de Port-au-Prince, que la nation dominicaine n’est pas xénophobe ni raciste, mais il considère qu’au cours des deux dernières années, depuis le cas de Hatillo Palma, un «anti haïtianisme militant» s’est éveillé.

Depuis les années 90, selon Alexandre, les deux pays ont initié une étape de «normalisation» dans la gestion des relations politiques, d’une croissance continue en lien avec le commerce et d’un renforcement d’une variété d’échanges entre les deux pays.
Il a aussi souligné le rôle important joué par les missions diplomatiques et consulaires d’Haïti et de la République Dominicaine, au cours des «dernières 13 à 15 années, d’une étape de renforcement des liens entre Haïtiens et Dominicains». De façon spéciale, il a reconnu l’appui reçu de « vastes secteurs de la société dominicaine dans le travail de l’ambassade et des consulats d’Haïti à Brahona et Dajabon».
Toutefois, Alexandre a ajouté que «les relations haïtiennes-dominicaines, après Hatillo Palma, se sont considérablement détériorées». Le diplomate, également professeur à la Faculté Latino-Américaine des Sciences Sociales (FLACSO) dans la capitale dominicaine, a fortement souligné «que le sang haïtien s’est répandu à plusieurs occasions dans le pays en 2005 et 2006» comme conséquence d’une série de violations des droits humains par « des chasses à l’homme, des persécutions, des intimidations, des accusations et rapatriements massifs continuels auprès des Haïtiens».

Il coïncide avec le Secrétaire d’État, Directeur de l’Unité d’Analyse et Stratégie de la présidence, le sociologue, Carlos Dore Cabral, que la violence contre ses compatriotes fut exercée par un groupe minoritaire mais de forte influence «de neo nationalistes qui voient seulement dans l’immigration haïtienne, un danger potentiel pour l’identité et la souveraineté de la République Dominicaine»

Il attira l’attention des dirigeants des deux pays sur la nécessité de changer la tendance «d’effacer et de recommencer» devant la commission des faits de violence venant «d’un éveil d’un anti haïtianisme militant qui n’hésite pas à faire appel à la haine».

Dans ce contexte, Alexandre a dénoncé l’existence dans les relations haïtiennes-dominicaines d’une double logique contradictoire : « l’objective qui pousse les deux sociétés à s’ouvrir l’une à l’autre, et la subjective venant d’un secteur idéologique politique qui contredit les tendances positives de la première».
Il a exhorté les démocrates des deux pays à combattre sans concession «les préjugés et les pratiques contraires aux intérêts des deux pays» en commençant par identifier ceux qui propagent ces préjugés. En même temps, il a fait l’éloge des actions et du travail d’entités comme le Mouvement des Femmes Dominico-Haïtiennes (MUDHA), le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants, le Groupe de Soutien aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), et de personnalités comme Sonia Pierre.
Il a signalé que «le peuple dominicain, pas plus que le peuple haïtien ou tout autre peuple, n’est raciste ni xénophobe en soi, au sein des grandes classes populaires». Il a expliqué que les sociétés des Caraïbes, comme héritage de l’époque coloniale, sont marquées par le «système de représentation idéologique qu’est le racisme» contre lequel l’on doit également lutter.

Comme il n’a pas pu voyager en France pour des raisons de santé, Alexandre a envoyé le texte de son discours par courrier électronique aux organisateurs de l’événement, auquel participent d’autres professionnels académiques haïtiens. Quelques invités dominicains ont annulé leur participation à cause de l’ampleur négative donnée par le gouvernement à l’activité qui fut officiellement qualifiée à Saint-Domingue, de tribune anti dominicaine.



*****

III. Nouvelles internes

RAPPEL DU LANCEMENT DES DEUX LIVRES LE 6 JUIN :

Le Comite québécois pour la reconnaissance des droits des travailleurs haïtiens en République dominicaine (ci après surnommé Comité québécois), et le Comité pour les droits en Amérique latine (CDHAL) vous invitent au lancement des livres :
· ‘Marraine’ d’Hélène Koscielniak, (édition Interligne http://www.interligne.ca/) et
· ‘Crise démocratique en Amérique latine : Le cas du Salvador’, par Mauricio R. Alfaro (édition du CIDIHCA http://www.cidihca.com/).

Mercredi 6 juin,
de 17h à 19h30
Au Bureau Zof,
1369 Rachel Est


Vous aurez l’occasion de rencontrer les auteurs ainsi que des membres des deux comités qui expliqueront en plus grands détails les problèmes socio-économiques de la région.
Nous vous souhaitons une excellente journée, en espérant vous compter parmi nous le mercredi 6 juin.

PS: SVP, aillez l'amabilité de confirmer votre présence au lancement avant le vendredi 1er juin. Merci.
PPS : n’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations



3 POSTES À COMBLER AU COMITÉ :

Le Comité cherche à combler 3 postes à temps plein d’ici le 14 juin 2007 :
• commis comptable
• commis de soutien administratif
• travailleur des services communautaires et sociaux

Critère d’admissibilité : Être éligible au programme Emploi été du gouvernement canadien
Taux horaires : 8$ / hre (40hres /semaines)
Date début : 14 juin 2007
Durée du contrat : 8 semaines

Veuillez communiquer avec nous pour postuler ou pour avoir plus d’informations :
514-523-2434
cqrdthrdinc@can.rogers.com


DEMANDE DE DONS ET DE BÉNÉVOLES

Nous lançons un appel à tous nos membres et sympathisants afin de recueillir vos dons de toutes sortes, matériels ou financiers. En tant qu’organisme à but non lucratif, nous comptons beaucoup sur votre générosité. Si vous préférez plutôt donner du temps, sachez que le Comité québécois est à la recherche de bénévoles pour des tâches en bureautique ou en soutien général. N’hésitez pas à faire circuler le mot dans votre entourage! Pour faire un don au Comité québécois ou pour obtenir plus d’informations, veuillez communiquer avec nous par téléphone au (514) 523-2434. Pour recevoir un reçu de charité, déductible d’impôt, veuillez SVP libeller votre chèque à l’ordre de Comité haïtien / Paroisse Sacré-Cœur.



*****

IV. Annonces communautaires:

24ème VOYAGE ANNUEL : FAITES L'EXPÉRIENCE DU TIERS MONDE 2007

Semaine du 2 au 7 juillet 2007
Passez une semaine dans les bateyes de la République dominicaine.L'hébergement et les repas sont offerts près des bateyes dans un collège résidentiel pour enseignants dirigé par des religieuses.Renseignements : suzanne.hope@sympatico.ca

KATASOHO, Imprimerie et design

Pour tous vos besoins d’impression, contactez Chadi Marouf, designer :,6300, ave. du Parc, suite 312, Montréal. Tél. (514) 788-1661, Cellulaire: (514) 961-5238, Courriel : chadi@katasoho.com. Site Internet : www.katasoho.com

IDÉE CADEAU

Vous cherchez un cadeau original pour moins de 50$!!! Près de chez vous à Montréal : Tapisseries et tableaux d'artistes haïtiens, bungas, sculptures de bois, robes, chemises 'pepe bayard', venus tout droit de l'île. Pour plus d'information, contacter Xaragua Internationale inc. au (514)-345-8216, laissez vos noms et coordonnées ou écrire à contact@xaraguainternationale.com.*Une partie des bénéfices est versée au profit du Comité québécois.



Prochaine édition de La Machette
La prochaine édition de La Machette sera publiée le vendredi 29 juin 2007.
Annonces, questions, commentaires, suggestions? N’hésitez pas à communiquer avec nous!
Pour appuyer l’action du Comité québécois, nous vous invitons à naviguer notre site Web et vous demandons d'encourager vos amis à en faire autant aux adresses suivantes : www.geocities.com/cqrd et www.multimania.com/cqrdthrd

Équipe de La Machette
Édition : Pérard Joseph;
Éditorial : Gahston Saint-Fleur;
Coordination : Romain Angeles;
Rédaction : Romain Angeles;
Révision et correction : Romain Angeles, Pérard Joseph, Simone Hénault;
Recherche : René Viaud, Mélanie Lippé, Nourredine Salhi, Edwin Paraison, Romain Angeles
Collaboration : Tess Brais-Laflamme, Ilionor Louis, Radio Classique Inter.
Traduction : Simone Hénault.
Conception graphique : Antoine Dang-vu, Dru Oja Jay,
Documentation site Internet : Maxime Dallaire, Dru Oja Jay,
Archives des anciens numéros : www.geocities.com/cqrd



Pour des raisons d’allégement de texte, le masculin a été uniquement utilisé.

Aucun commentaire: