mercredi 2 mai 2007

La Machette - Édition d'avril 2007

Montréal, le 30 Avril 2007,


SOMMAIRE:

          I. Éditorial

                    Ce mois-ci, exceptionnellement l’éditorial est remplacé par une entrevue de Sonia Pierre, réalisée par la Radio Classique Inter, le 20 avril 2007. Nous en profitons pour les remercier de partager l’entrevue.

          II. Revue de presse

                    PRESSE HAÏTIENNE
                              • Position des femmes dominicaines face à la violation des droits de Sonia Pierre.
                              • Lettre ouverte aux Conférences épiscopales Haïtienne et Dominicaine autour des persécutions contre Sonia Pierre
                              • Les évêques catholiques d’Haïti et de la Rép. Dominicaine se prononcent sur les relations entre les deux pays

                    PRESSE DOMINICAINE:
                              • Le sujet Délicat des Haïtiens.
                              • des évêques haïtiens et Dominicains contre les discriminations

          III. Nouvelles internes

                    • Bienvenue à notre nouvel agent de liaison, Romain Angeles
                    • Demande de dons et de bénévoles
                    • Sortie prochaine du roman MARRAINE, au sujet des conditions de travail des braceros

          IV. Annonces communautaires

                    • Lancement prochain du documentaire Lòt bò dlo
                    • 24ème voyage annuel - Faites l'expérience du Tiers monde 2007
                    • Katasoho, imprimerie et design
                    • Idées cadeaux



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I. Entretien exclusif de SONIA PIERRE :

          Madame Sonia Pierre est une activiste dominicaine qui se bat pour défendre les droits des femmes et des enfants haïtiens vivant en République Dominicaine. En 2006, elle reçoit le Prix 2006 des Droits Humains du Mémorial Robert F. Kennedy. Maintenant, les autorités dominicaines l’accusent d’avoir falsifié des documents lors de sa demande de nationalité, de longues années auparavant. Tout cela pour tenter de l’expatrier et la faire taire. Dans cette entrevue, elle parle de son parcours, et de la situation actuelle en République Dominicaine.

          Le texte qui suit est une entrevue accordée à Madame Sonia Pierre à la chaîne Radio Classique (basée à Orlando, en Floride), le 20 avril dernier :

Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, Madame Sonia Pierre récipiendaire du Prix d’Amnesty International en 2003, du Prix Robert Kennedy en 2006, Haitian Women à Miami, Prix Claire Heureuse et fondatrice du Mouvement de Femme Dominico-Haitienne.

Sonia Pierre, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio Classique Inter.

Robert Bénodin : Madame Sonia Pierre où êtes-vous née ?

Sonia Pierre : Je suis née ici en République-Dominicaine, dans le batey d’une ancienne usine sucrière appelée Catarey au nord du pays.

RB : Vous avez passé votre enfance dans les bateys. Où avez-vous été à l’école?

SP : Ma mère est venue ici depuis 1951. Elle a eu 10 enfants sur cette terre. Je suis la cinquième parmi les enfants qui sont nés ici.
        Quand nos étions enfants, il n’y avait pas d’école dans ce batey. Il y avait une dominicaine qui venait chaque jour dans le batey venant d’une communauté dominicaine qui se trouvait par derrière le batey pour donner des leçons aux enfants qui s’y trouvaient.
        Un jour elle a demandé, s’il y avait une école pour tous ces enfants qui vivent dans le batey. On lui a répondu, non. Et c’est ainsi qu’elle s’est mise d’accord avec nos parents pour nous donner des leçons, 2 fois par semaine. Ma première école a été sous un grand arbre qui se trouvait dans le batey.

RB : Pouvez-vous nous décrire, un peu, la vie dans les bateys ?

SP : Cela dépend du batey. Il y a deux types de batey. Les bateys qui sont près du milieu urbain, et ceux qui sont très éloignés dans le milieu rural. Tant que les bateys sont plus éloignés du milieu urbain, tant que les conditions de vie sont plus dures. Ces bateys n’ont pas d’électricité. Il y a des tas de chose qu’ils n’ont pas, tel que : eau, électricité, école. Quant aux soins de santé ça n’existe pas. Dans tous les bateys il n’y a pas de centre de santé. S’il y a un centre de santé, ce sont les ONG qui travaillent dans les bateys qui mettent ces centres de consultation qu’utilisent les médecins qui viennent visiter la communauté.
        La vie dans les bateys n’est pas facile. Cela dépend. Si on y fait la coupure de canne, on commence à réveiller les gens vers les 4 heures du matin. S’ils vont à un endroit très éloigné, ils sont mis dans un wagon utilisé pour le transport de la canne à sucre, tiré par un tracteur, mais qui n’est pas construit pour le transport humain. Il y a beaucoup d’accident. Et quand ces accidents arrivent, il y a beaucoup de morts et de blessés. Il y a aussi beaucoup qui deviennent infirmes.
       Ils retournent des champs vers 5 ou 6 heures de l’après-midi. C’est à ce moment là qu’ils vont chercher à cuire à manger. Après avoir fini de manger vers 8 ou 9 heures du soir, ils sont tellement fatigués, que certains d’entre eux tombent en sommeille à l’instant et à l’endroit même où ils ont fini de manger. Et à 4 heures du matin, on les réveille à nouveau pour qu’ils puissent recommencer à travailler.
       En général la vie dans les bateys est très dure. Il y a dans certains bateys des maisons de borlette. Ces maisons appartiennent aux chefs du batey. Ils ont aussi des bars dans les bateys. Une façon pour soutirer une portion substantielle des salaires des ces travailleurs. La majorité des braseros gagne entre 3 à 5 milles pesos. Ils ne peuvent pas faire mieux, les salaires ne sont pas très bons. Il y a toujours la présence des maisons de jeux de hasard qui appartiennent aux propriétaires de bateys. Le samedi et le dimanche, quand ils ont un peu de temps, ils vont dans ces maisons de jeux de hasard où ils perdent l’argent qu’ils ont gagné au cours de la semaine.
Les enfants, parce qu’il n’y a pas d’école dans la majorité des bateys, suivent leurs parents pour aller faire les lots de canne couper par leurs parents. Des fois, ils font d’autres activités dans les champs de canne avec leurs parents.

RB : A quel age avez-vous quitté les bateys ? Qu’est-ce qui vous a porté à quitter les bateys ?

SP : J’ai laissé le batey à 18 ans. Pendant plus de deux ans, notre école a continué à fonctionner sous ce grand arbre. A la diligence du professeur on avait fini par lui donner une chambre pour héberger les enfants. On empruntait des chaises de chez nous pour meubler l’école. Ceci a évolué au point où on a appointé un professeur. C’est arrivé après plusieurs années. Quand on a appointé ce professeur, je n’étais plus à cette école. J’étais déjà transférée dans la ville de Via Altagracia, pour continuer à aller à l’école.
       Après ma 18e année, je participais au mouvement des étudiants à Via Altagracia, c’est ainsi que j’ai trouvé une bource pour aller à Cuba pour étudier.

RB : Vous avez été à Cuba ?

SP : Oui

RB : Combien de temps avez-vous passé à Cuba ?

SP : J’y ai passé 4 ans.

RB : C’est à Cuba que vous avez étudié ?

SP : Oui, à l’Université de la Havane.

RB : Qu’est-ce que vous avez étudié ?

SP : Le travail social.

RB : Qu’est-ce qui vous a porté à quitter le batey ? Est-ce parce que vous étiez devenue trop âgée ?

SP : J’ai quitté le batey, parce que j’ai commencé à participer dans des organisations de travailleurs. Nous étions les interprètes de ceux qui entreprenaient la première grève du bateys où je suis née. C’était une grève de travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail et de vie. A ce moment là, j’avais à peu près 13 à 14 ans, je leurs servais d’interprète et on a été arrêté. Ca a été un moment difficile de ma vie. Ca m’a amenée à participer dans des mouvements au lycée là où j’étudiais. Je commençais à être consciente et à m’inquiéter de l’arrivée des embauchés qui venaient chaque année. J’étais préoccupée surtout par les conditions des femmes et des enfants qui arrivaient avec ces embauchés. La façon dont on les divisait. Ceux qui venaient d’arriver on les appelait « Congo ». Cette dénomination avait une connotation péjorative d’ignorant. Ceux qui avaient plus d’année on les mettait autre part. C’était une façon de les diviser, même quand les conditions étaient les mêmes pour tous. C’est ainsi que je me suis initiée dans ces organisations, parce que j’éprouvais de l’inquiétude.
Après mon retour de Cuba, je me suis intégrée à fond dans le travail avec la communauté haïtienne.

RB : Entre le temps où vous avez quitté les bateys et le moment où vous avez fondé l’Organisation Mouvement des Femmes Dominico-Haitiennes. Combien de temps s’est écoulé ?

SP : Le Mouvement de la Femme Dominico-Haitienne est sorti d’un effort de quelques réfugiés de ce camp là qui avait commencé ici. Ca a commencé avec un homme qui s’appelait Patrick André. Il est décédé. C’était un Haïtien venu en exil ici. L’organisation s’appelait IFOPADA.

RB : Vous avez fondé cette organisation en 1983, ça fait à peu près 24 ans. Qu’est-ce qui vous a porté à créer cette organisation ? Comment l’organisation a-t-elle commencé ?

SP : Le Mouvement de la Femme Dominico-Haitienne c’est d’abord une organisation de femme, mais qui inclus tout le monde. Depuis des années nous avions commencé un travail intégral. Parce que nous croyons que pour changer la réalité des bateys, il faut que nous tous nous participons, les femmes, aussi bien que les hommes.
       C’était la situation dans laquelle les femmes vivaient, tenant compte du fait que la vie des travailleurs dans les bateys, était très dure. La situation des femmes était encore plus dure que celle des hommes, parce qu’elles n’avaient aucune participation, aucune assistance que les hommes recevaient. Si les hommes étaient malades, ils pouvaient aller à l’hôpital. Les femmes et les enfants n’avaient pas accès à cette assurance, ou bien à une chambre « d’arancon » C’était une grande maison divisée en plusieurs petites chambres. Les femmes si elles n’avaient pas de mari pour les représenter, elles ne pouvaient pas avoir accès à une chambre dans ces maisons. Ces choses me préoccupaient beaucoup. Quand ces dames arrivaient, on les sélectionnait, pour les envoyer travailler dans les bordels. Si elles étaient jeunes, on les mettait dans un endroit où les chefs venaient les visiter. Après un certain temps, on les introduisait dans les bordels. D’autre Haïtiens qui avaient quelque temps dans le pays les exploitaient sexuellement, alors qu’elles continuaient à fournir le service sexuel dans les bordels. C’est une situation difficile. C’est ainsi que nous avons commencé avec cette organisation des dames. Nous avons commencé à travailler avec ces dames et les enfants des dames qui sont nés dans les bateys. Nous avons commencé un travail de visibilité de la situation que ces dames subissaient, en cherchant comment on pouvait changer cette réalité.

RB : C’est ce qui vous a porté à créer cette organisation. Comment l’organisation a-t-elle évolué ?
        Quels sont les moments les plus difficiles que vous avez connus dans le cadre de son évolution et dans le cadre de votre vie en République-Dominicaine ?

SP : C’est la première organisation de femme dans les bateys. Là où nous avons commencé à traiter les problèmes des femmes, en tant qu’humain, en tant que travail pour mettre en exergue la situation des femmes dans les bateys. Nous avons commencé un travail interne, de développement personnel. Nous avons entrepris un travail de formation des dames. En même temps nous faisions un travail de formation d’organisation. Nous faisions aussi la formation d’activistes et nous leur apprenions comment produire des produits artisanaux, et comment commercialiser ces produits. Nous avions aussi commencé un programme de santé parce qu’elles n’avaient pas accès aux services de santé. C’était un travail de santé traditionnel, où elles étaient vraiment habiles. C’était le travail que leurs grandes mères faisaient dans le passé. Nous mettions en usage leurs connaissances botaniques traditionnelles, la vertu des feuilles pour produire des médicaments. C’était en réalité le développement d’une médecine alternative.
L’organisation s’est élargie. On a formé un centre culturel dominico-haïtien. Ce travail a eu tellement de succès que l’on a commencé dans les batey à former des unités de base. Après on a commencé à établir des écoles pour les enfants qui ne pouvaient pas avoir accès aux écoles de État On a commencé à faire le travail de revendication auprès du gouvernement, en même temps que nous faisions des propositions pour chercher des solutions pour résoudre les problèmes que nous avons.
       Vingt ans plus tôt, on n’avait pas la situation que nous vivons aujourd’hui. Nos voix n’étaient pas entendue en dehors des bateys. C’est après avoir participé dans des conférences que nous avons commencé à faire des demandes concrètes. Les gens dans les bateys ont commencé à articuler leurs revendications, à discuter de leurs problèmes. Et c’est ainsi que l’on a commencé à prêter attention à ce qui se passait au sein des bateys. Ce n’est pas le seul problème, ce qui se passe en terme de discrimination raciale contre cette communauté. L’anti-haitianisme existe dans cette société, La situation de xénophobie prend une ampleur alarmante. En 2005, il y a eu beaucoup de personnes qui ont été assassinées. Parmi eux, il y a 5 personnes qui ont été brûlées vif. Jusqu'à présent aucun effort n’a été fait par les autorités pour identifier qui ont commis ces crimes. Il n’y a jamais eu d’investigation pour vraiment trouver les coupables.
Aujourd’hui, nous avons un rapport qui est publié chaque année sur cette situation. La discrimination est en train d’augmenter. La situation socio-économique d’Haïti oblige plus de personnes à venir en Dominicanie. Maintenant il y a toute une campagne que les Dominicains sont en train de faire, qui veut faire croire qu’il y a une invasion pacifique du pays par les Haïtiens.
Compte tenu du travail que nous avons fait pour exprimer notre désaccord avec les conditions d’accueille. Nous ne sommes pas d’accord non plus que des Haïtiens sont employés dans les travaux de construction d’hôtel dans tout le pays pour le développement du tourisme. Quand ces travailleurs viennent pour recevoir leur salaire, les officiers d’immigrations les arrêtent pour les déporter vers Haïti sans qu’ils n’aient reçu leur salaire dû. Il y a une série d’abus qui se font ainsi. Nous disons clairement que nous ne sommes pas d’accord avec ces abus. C’est ainsi que les problèmes ont commencé à devenir plus visibles. Quand des personnes sont en train d’exiger l’amélioration de la situation dans les bateys. Le gouvernement préfère déporter ces gens pour faire entrer d’autres pour travailler. Ceux qui ont plusieurs années de travail et qui ont vieilli, ils ne peuvent plus produire comme ils l’ont fait durant leurs années de jeunesse. Ils sont entrain de déporter vers Haïti des gens qui ont des problèmes d’infirmité ou d’incapacité, dû aux effets de l’age ou d’accident. Ce sont toutes ces protestations qui font qu’il y a aujourd’hui des gens qui disent que nous sommes l’ennemi du pays. Que nous sommes en train de monter une campagne internationale contre la République dominicaine. Qu’il y a un plan dans lequel nous participons pour l’unification de l’île. Une série de chose sans logique, mais que des gens du peuple dominicain y croient.
       C’est ainsi que l’on a commencé une investigation sur le dossier de mon acte de naissance. Ils ont fait un rapport pour demander l’annulation de ma nationalité dominicaine, pour me chasser du pays.
       Il me faut dire que depuis 3 ans le gouvernement a déclaré qu’il y a 3 personnes qui doivent sortir du pays. C’est le père Ricoit, un prêtre belge qui a passé 25 ans dans le pays travaillant dans les bateys. Et le père Christophe, un prêtre anglais qui a fait un grand travail dans la zone « ’Isimi ». Dans cette zone, il y a une famille espagnole qui possède plusieurs usines où travaillent des Haïtiens. Ces deux étrangers ont été chassés du pays. Mais pour me chasser, ils ne peuvent pas ordonner qu’une personne qui a la nationalité dominicaine, doit laisser le pays. Il leur a fallu inventer que mes documents de naissance soient faux. C’est ce qu’ils sont en train d’utiliser en ce moment, pour m’enlever la nationalité et m’expulser du pays.

[…]

Nous allons rendre l'intégralité de l'entrevue bientôt disponible sur le blog.


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II. Revue de presse

          PRESSE HAÏTIENNE:

Position des femmes dominicaines face à la violation des droits de Sonia Pierre

jeudi 5 avril 2007 (source Alterpresse).
4 avril 2007

                    Nous signataires de cette lettre, aussi dominicaines que notre sœur Sonia Pierre, répudions fermement la tentative honteuse des secteurs conservateurs et la droite récalcitrante représentée par la Force Nationale Progressiste (FNP) d’interroger la dominicanité de Sonia, femme, amie et mère, citoyenne exemplaire, engagée depuis son très jeune âge dans la défense des droits des femmes, des pauvres et des exclus et activiste dans les luttes les plus progressistes du peuple dominicain. Toute tentative contre Sonia sera considérée comme une violation des droits de chacune d’entre nous. On nous trouvera unies pour faire face à cette agression.
                    Si elle n’est pas Dominicaine, nous non plus, ne le sommes pas !
1-Magaly Pineda, 2-Gianna Sangiovanni, 3-Amparo Arango, 4-Isis Duarte, 5-Sergia Galván, 6-Denise Paiewonsky, 7-Susi Pola, 8-Xiomara Fortuna, 9-María Diaz, 10-Mariví Arregui, 11-Myrna Flores Chang, 12-Clara Baez, 13-Giselle Scanlon, 14-Carmen Julia Gómez Carrasco, 15-Dinys Luciano, 16-Wendy Alba, 17-Angela Caba, 18-Fatima Lorenzo, 19-Gladys Piñeyro, 20-Gina Gallardo, 21-Argentina Gutierrez, 22-Mildred Dolores Mata, 23-Jeannette Tineo, 24-Marily Gallardo, 25-Desireé del Rosario, 26-Cristal M. Fiallo, 27-Altagracia Valdez, 28-Elsa Mata, 29-Janet Camilo, 30-Lorena Espinoza, 31-Altagracia Carvajal Díaz, 32-Marianela Carvajal Díaz, 33-María Cristina Castillo, 34-Joaquina Pacheco, 35-María Sierra, 36-Xiomara Peralta, 37-Cristina Luis Francisco, 38-Mirla Hernández, 40-Scarlet Alcantara, 41-Elsa Mata Bautista, 42-Atair Rodríguez, 43-Nita Adames, 44-Josefina Almanzar, 45-Leopoldina Cairo, 46-Maria Paredes, 47-Cecilia Corporal, 48-Norma Mendez Quezada, 49-Soraya Alcantara Mendez, 50-Germania Galván, 51-Ada Hernandez, 52-María Luisa Romero, 53-Soraya González Pons, 54.-Reisi Santana, 55-Dinorah Santos, 56-Esmeralda Pascual


Lettre ouverte aux Conférences épiscopales Haïtienne et Dominicaine autour des persécutions contre Sonia Pierre

lundi 16 avril 2007 (source Alterpresse)

                    Chers Évêques haïtiens et dominicains,

                    Nous, organisations signataires de cette lettre, saluons la tenue, cette semaine, d’une réunion entre les Conférences Épiscopales de l’île. Étant donné que cette rencontre se réalise dans un contexte particulièrement difficile pour les immigrants haïtiens en République Dominicaine, nous espérons que la question migratoire sera au centre de vos échanges.
Chers évêques, nous sommes vraiment préoccupées par les violations systématiques des droits des immigrants haïtiens et de leurs descendants dans ce pays, situations qui a fait l’objet de plusieurs rapports passés et récents de la part d’organisations nationales et internationales reconnues. A titre d’exemples, nous pouvons citer les attaques et intimidations répétées contre Sonia Pierre, dominicaine d’origine haïtienne, parce qu’elle a osé élever la voix sur la situation vécue par des centaines de milliers de descendants d’haïtiens qui évoluent en République Dominicaine sans aucune nationalité.
                    La répétition des agressions contre Sonia Pierre, particulièrement les tentatives d’annulation de son acte de naissance délivré il y a 43 ans, la publication dans la presse d’informations d’ordre privé la concernant et la destruction de sa photo dans une exposition publique, sont autant de signes d’une intolérance et d’un refus d’intégration de la communauté d’ascendance haïtienne, après environ un siècle d’immigration. De tels comportements créent et entretiennent un climat de tension qui risque de perturber tous les efforts de collaboration et de rapprochement entrepris par différents secteurs de l’île Haïti/Quisqueya, dont les Églises, en vue d’harmoniser les relations entre nos deux pays et nos deux peuples.
L’Église Catholique qui a toujours prôné les valeurs de tolérance, de respect, et de justice, peut-elle rester indifférente lorsque les droits de la personne sont foulés aux pieds par ceux-là mêmes qui sont chargés de les faire respecter ?
                    Chers évêques, face à la tournure inquiétante que les événements sont en train de prendre, nous organisations signataires de cette lettre, sommes convaincues que les forces morales de l’île, comme les Églises, ont un rôle important à jouer en vue de porter les décideurs politiques à privilégier les voies de justice, de dignité et de respect des droits fondamentaux de la personne.
                    Tout en exprimant notre profonde solidarité avec Sonia Pierre, nous organisations signataires de la présente, vous demandons, chers évêques des deux conférences épiscopales de l’île, d’encourager les autorités des deux pays à se réunir sans délai en vue de trouver un accord global sur le dossier migratoire, incluant la régularisation du statut des personnes d’ascendance haïtienne nées en République Dominicaine, ce dans le respect de leurs droits fondamentaux, et des conventions internationales en la matière.
                    Les institutions signataires de cette lettre :
Commission Épiscopale Justice et Paix (JILAP)
Sant Pon Ayiti
Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH)
Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA)
Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR)
Rasanbleman Jèn Savanèt (RAJES)
Konbit Fanm SAJ Veye Yo
Sant Kal LevèK (SKL)
Institut Mobile d’Éducation Démocratique (IMED)
Coalition Nationale des Femmes Leaders (COHFEL)


Les évêques catholiques d’Haïti et de la Rép. Dominicaine se prononcent sur les relations entre les deux pays

jeudi 19 avril 2007 (source Alterpresse.)
P-au-P., 19 avr. 07 [AlterPresse]--- C’est loin du tumulte du centre-ville de Port-au-Prince et dans le décor verdoyant du siège de la Conférence Épiscopale haïtienne à Santo 19, que les évêques catholiques de l’île ont rencontré la Presse, le 17 avril, au terme de 2 journées d’échanges, entre autres, sur les migrants-es haïtiens en République Dominicaine.
                    L’évêque Louis Kébreau, président de la Conférence Épiscopale haïtienne a débuté ce point de presse par la lecture d’un document fixant la position des deux Conférences Épiscopales de l’île et soulignant la vitalité des échanges entre les deux Églises ainsi que « l’importance des relations harmonieuses que vivent des Dominicains et des Haïtiens, des deux côtés de la frontière avec des expressions permanentes de solidarité dans le travail, la vie communautaire et les échanges ».
                    Sur la question migratoire, les 2 Conférences épiscopales de l’île invitent les autorités des deux pays « à mettre tout en œuvre, d’un côté, pour arrêter le flux migratoire massif, anarchique et illégal, d’autre part, à légiférer sans ambiguïté, dans le respect des droits humains, de manière que soit respecté le droit de chaque personne, à avoir un nom et une nationalité… »
Les premières questions des journalistes ont porté sur les persécutions contre Sonia Pierre, militante dominicaine d’origine haïtienne. Le président de la Conférence épiscopale dominicaine, Ramon de la Rosa y Carpio, a répondu par des généralités sans jamais faire allusion nommément à l’intéressée.
                    Ce point de presse devait prendre une tournure plus vive à l’intervention d’une journaliste indiquant avoir observé un silence des Conférences épiscopales de l’île, face aux agressions répétées contre les migrants-es et descendants-es d’Haïtiens en République Dominicaine.
                    « Nous sommes un peuple de tradition orale ; vous auriez dû prendre le temps de lire les nombreuses déclarations et dénonciations produites par la Conférence épiscopale », a déclaré Mgr. Louis Kébreau.
                    Une autre journaliste a demandé à Mgr Ramon de la Rosa y Carpio, si la Conférence épiscopale dominicaine comptait intervenir auprès du gouvernement Fernandez pour l’encourager à appliquer dans son intégralité, l’arrêt de la Cour Interaméricaine des Droits Humains dont un début d’application a été observé fin mars 2007. L’évêque dominicain a alors référé la journaliste à une brochure éditée en 2005, pour trouver la réponse.
                    A la fin du point de presse, le président du Conseil d’Administration du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a transmis aux évêques haïtiens et dominicains, le texte d’une position conjointe de dix organisations autour de la migration haïtienne en République Dominicaine.
                    Le grand absent à cette conférence de Presse des évêques catholiques de l’île, fut le président de la Commission épiscopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et Réfugiés, Mgr François Gayot, dont la présence, pourtant, avait été remarquée peu avant l’ouverture de la Conférence.
                    Cette rencontre des Conférences épiscopales haïtienne et dominicaine s’achève le jour même où s’ouvre à Santo Domingo, le sommet du Groupe de Rio où sont attendus 50 chanceliers du continent, appelés à se pencher, entre autres, sur le thème haïtien en République Dominicaine.
                    Elle précède également de quelques semaines, la tenue en France d’une grande exposition sur le sort des migrants-es haïtiens en République voisine, exposition titrée : Esclaves au Paradis [lb gp apr 19/04/07 23 :00]


          PRESSE DOMINICAINE:

Hoy Digital
Mardi 17 de Abril 2007

Le sujet délicat des Haïtiens

‘À nos distingués visiteurs du Groupe de Rio: à la recherche de la vérité non révélée’

PAR FERNANDO ALVAREZ BOGAERT

Une campagne insidieuse et néfaste

                    Depuis dix ans, notre pays a été soumis à une campagne sans pitié, exercée de l’extérieur et de l’intérieur. Cette campagne a des conséquences profondes sur le prestige, bien mérité pour son histoire, de notre nation. Et si nous ne la confrontons pas avec la vérité, elle générera comme déjà c’est pressenti, des conséquences économiques et sociales dévastatrices pour notre peuple.
                    Est-ce que le peuple dominicain est raciste et anti-haïtien?
                    Absolument faux. En République Dominicaine, il y a plus d’un million de citoyens haïtiens – la majorité illégaux – faisant compétition aux ouvriers dominicains dans une égalité de conditions. C’est-à-dire, 11.2% de notre population est haïtienne et illégale. Et comme la majorité sont des adultes, ils représentent 20% de notre force ouvrière.

Une projection nécessaire

Pour que nous puissions avoir une idée de l’extraordinaire charge économique et sociale que possède notre nation, faisons une projection de la quantité d’immigrants qu’auraient la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie et les États Unis pour soutenir la même couche sociale qu’en ce moment soutient la République Dominicaine.
                    Qu’est-ce que le premier tableau nous indique? Que ces nations devraient avoir près de trois fois plus d’immigrants illégaux que ce qu’ils ont actuellement.

L’extraordinaire constatation des chiffres économiques

                    Distingués visiteurs: cette situation deviendrait encore plus dramatique si nous faisions le compte, de 2004, du Produit Brut Interne par habitant de ces nations et les comparerions avec le Produit Brut Interne par habitant de notre pays. Notez que le PIB de ces nations est entre 12 et 18 fois plus élevé que le PIB de la République Dominicaine. En économie il existe le mot cetaris paribus qui indique que, pour pouvoir faire une comparaison valide, il faut avoir une projection où les variantes principales sont égales. La situation de ces pays super développés serait beaucoup plus dramatique si nous assumons que la République Dominicaine aurait un PIB par habitant semblable à celui des pays de l’Europe et des États-Unis. Ou, au contraire, que ces nations auraient un PIB similaire à celui qu’à actuellement la République Dominicaine.

L’industrie de la construction et le tourisme

                    Si, comme plusieurs citoyens dominico-haïtiens et -certains citoyens dominicains-, notre pays est majoritairement raciste et anti-haïtien, comment alors est-ce possible que les deux secteurs qui paient de beaucoup les meilleurs salaires au pays soient totalement contrôlés par les citoyens haïtiens et les immigrants illégaux. C’est le cas de l’industrie de la construction, où plus de 70% des travailleurs sont majoritairement des immigrés illégaux, et du secteur touristique, qui est contrôlé, dans plus de 50%, par des citoyens haïtiens, certains légaux et la majorité illégaux. Est-ce que ceci est typique d’une nation raciste et anti-haïtienne? Cette question prend une dimension plus grande quand nous prenons en considération que notre chômage global est près de 16% et que le manque d’emplois pour les jeunes de 16 à 24 ans dépasse le 25%.
                    Une autre question pertinente : est-ce qu’il existe en Europe ou aux États-Unis un pays où les immigrants illégaux contrôlent ses deux industries principales? L’attitude dominicaine prend davantage une dimension majeure quand nous présentons (choses que parfois par faux orgueil nous voulons cacher) la pénible charge sociale que nous avons, indépendamment de l’immigration qui vient d’Haïti.

L’inquiétante charge sociale et économique de la République Dominicaine.

                    Dans un vaste travail publié voilà quatre mois sur la réalité sociale de l’Amérique Latine, écrit par le docteur José Luis Machinea, directeur exécutif de CEPAL, on nous présente la réalité sociale de notre pays en 2004. Ce document montre que 48% des citoyens dominicains vivaient, en 2004, avec 2 dollars, c’est-à-dire, 70 pesos ou moins par jour et que, de ce 48%, 24% subsistait avec moins de 1 dollar par jour (33 pesos par jour). Nous devons accepter deux situations : 1.- qu’un très grand pourcentage de nos citoyens son, conformément à la terminologie de la sociologie internationale, marginés – ceux qui gagnent deux dollars par jour – ou socialement exclus – ceux qui gagnent moins d‘un dollar par jour-; et 2- que cette situation n’est pas propre aux immigrants illégaux mais partagée avec les citoyens dominicains les plus pauvres et défavorisés.


Des organisations haïtiennes demandent aux Évêques haïtiens et dominicains d'intervenir pour que cessent les attaques et les discriminations contre les Haïtiens.

Espacinsular. http://www.espacinsular.org/spip.php?article3387
Saint-Domingue. 17 avril de 2007. - des Organisations haïtiennes ont demandé aujourd'hui aux Évêques dominicains et haïtiens qui se réunissent cette semaine à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, d'intervenir pour que cessent les persécutions, les discriminations et les attaques contre la Communauté haïtienne en République dominicaine et expriment leur solidarité en faveur de la dominicaine d'ascendance haïtienne, Sonia Pierre, victime de ces attaques et de tentatives pour lui enlever la nationalité créole. Les organismes ont envoyé une lettre ouverte aux Évêques dominicains et haïtiens que se réunissent cette semaine dans la capitale haïtienne pour analyser des aspects religieux de l'île et les échanges qui se produisent par le biais des Conférences des Évêques des deux nations qui partagent l'île. José Luis Soto.


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III. Nouvelles internes

BIENVENUE À NOTRE NOUVEL AGENT DE LIAISON, ROMAIN ANGELES:

                    Romain Angeles, notre nouvel agent de liaison a rejoint l’équipe du Comité québécois. Il remplacera notre ancienne collègue Diana Toffa. Romain nous apporte une très grande aide. Bienvenue à toi Romain et merci !


DEMANDE DE DONS ET DE BÉNÉVOLES

                    Nous lançons un appel à tous nos membres et sympathisants afin de recueillir vos dons de toutes sortes, matériels ou financiers. En tant qu’organisme à but non lucratif, nous comptons beaucoup sur votre générosité. Si vous préférez plutôt donner du temps, sachez que le Comité québécois est à la recherche de bénévoles pour des tâches en bureautique ou en soutien général. N’hésitez pas à faire circuler le mot dans votre entourage! Pour faire un don au Comité québécois ou pour obtenir plus d’informations, veuillez communiquer avec nous par téléphone au (514) 523-2434. Pour recevoir un reçu de charité, déductible d’impôt, veuillez SVP libeller votre chèque à l’ordre de Comité haïtien / Paroisse Sacré-Cœur.


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Lancement prochain à Montréal d’un livre traitant des conditions de vie des travailleurs haïtiens en République-Dominicaine
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                    Madame Hélène Koscielniak, une écrivaine ontarienne vous invite en collaboration avec le Comité Québécois au lancement de son nouveau roman Marraine (publié par les Éditions L’Interligne d’Ottawa). Le roman relate la situation des travailleurs haïtiens en République Dominicaine. La date et le lieu du lancement vous seront bientôt communiqués dans un bulletin spécial de La Machette. Pour plus d’informations sur son livre, allez sur ce lien :

http://www.univhearst.edu/salondulivredehearst/auteurs/hkoscielniak.html


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IV. Annonces communautaires:

LANCEMENT PROCHAIN DU DOCUMENTAIRE LÒT BÒ DLO

                    Ce documentaire relate l’histoire de jeunes Haïtiennes et Haïtiens : Judith, Wilfrid, Wilmer, Syralyen, Duclas, Kinner et Emmanuel qui ont entrepris la grande traversée d’Haïti, jusqu’en République dominicaine. Ils ont traversé la rivière en quête d’une vie meilleure, il y a un an, il y a 10 ans… Dans ce documentaire choc, la parole leur est laissée. Ils partagent avec le public leur touchante histoire parsemée de peines, d’embûches, mais aussi de petites joies vécues lors de cette traversée Lòt bò dlo.
                    Nancy Carrier et Alexandre Poupart ont co-réalisé Lòt bò dlo. Tous deux gravitent autour de la coopération internationale depuis plusieurs années. Dans ce court-métrage, ils ont uni la connaissance du pays et de ses habitants pour l’une et l’amour de l’image pour l’autre.
Suivez régulièrement nos annonces pour plus d’informations sur le lancement officiel du documentaire.


24ème VOYAGE ANNUEL - FAITES L'EXPÉRIENCE DU TIERS MONDE 2007

Semaine du 2 au 7 juillet 2007
                    Passez une semaine dans les bateyes de la République dominicaine.
L'hébergement et les repas sont offerts près des bateyes dans un collège résidentiel pour enseignants dirigé par des religieuses.
Renseignements : suzanne.hope@sympatico.ca


KATASOHO, Imprimerie et design

                    Pour tous vos besoins d’impression, contactez Chadi Marouf, designer :,6300, ave. du Parc, suite 312, Montréal. Tél. (514) 788-1661, Cellulaire: (514) 961-5238, Courriel : chadi@katasoho.com. Site Internet : www.katasoho.com


IDÉE CADEAU

                    Vous cherchez un cadeau original pour moins de 50$*!!! Près de chez vous à Montréal : Tapisseries et tableaux d'artistes haïtiens, bungas, sculptures de bois, robes, chemises 'pepe bayard', venus tout droit de l'île. Pour plus d'information, contacter Xaragua Internationale inc. au (514)-345-8216, laissez vos noms et coordonnées ou écrire à contact@xaraguainternationale.com.
*Une partie des bénéfices est versée au profit du Comité québécois.



Prochaine édition de La Machette
                    La prochaine édition de La Machette sera publiée le vendredi 25 Mai 2007.
Annonces, questions, commentaires, suggestions? N’hésitez pas à communiquer avec nous!
Pour appuyer l’action du Comité québécois, nous vous invitons à naviguer notre site Web et vous demandons d'encourager vos amis à en faire autant aux adresses suivantes : www.geocities.com/cqrd et www.multimania.com/cqrdthrd


Équipe de La Machette
Édition : Pérard Joseph;
Coordination : Matthieu Bappel;
Rédaction : Matthieu Bappel;
Révision et correction : Matthieu Bappel, Pérard Joseph, Simone Hénault, Romain Angeles;
Recherche : René Viaud; Mélanie Lippé, Nourredine Salhi, Edwin Paraison, Matthieu Bappel
Collaboration : Tess Brais-Laflamme, Ilionor Louis, Radio Classique Inter.
Traduction : Simone Hénault.
Conception graphique : Antoine Dang-vu, Dru Oja Jay,
Documentation site Internet : Maxime Dallaire, Dru Oja Jay,
Archives des anciens numéros : www.geocities.com/cqrd



Pour des raisons d’allégement de texte, le masculin a été uniquement utilisé.

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